Mémoires de Gourville

“Les mémoires de Gourville constituent une des sources les plus curieuses et les plus sûres pour la période du règne de Louis XIV qui s’étend de 1643 à 1680. L’historien qui s’occupera de cette époque les consultera toujours avec fruit : il y trouvera d’utiles renseignements, d’intéressants portraits, et des anecdotes qui ne se rencontrent pas ailleurs”.
Léon Lecestre

“La biographie de Jean Hérauld de Gourville tient du roman picaresque. Né dans une famille de marchands rupificaldiens très estimée de la maison ducale, Jean entre comme valet de chambre chez le prince de Marcillac, futur François VI, auteur des Maximes. Sa débrouillardise alliée à une rare subtilité d’esprit font de lui un indispensable factotum, secrétaire et confident, ami et bientôt intendant de la fortune ducale. Habile négociateur durant la Fronde, entre le cardinal Mazarin et le prince de Condé puis financier en vue, Gourville suit une carrière hors du commun. Devenu secrétaire du Conseil d’État, Louis XIV l’invite à sa table de jeu. Disgracié à la suite de l’intendant Fouquet, condamné à la potence, il s’exile en Belgique où il mène grand train avant d’être rappelé par le roi qui en fait l’un de ses principaux diplomates ! Ami des plus grands, les La Rochefoucauld, bien sûr, mais aussi Condé, Boileau, Madame de Sévigné… il n’oublie pas sa ville natale. Il y fonde la Charité Saint-Jean-Baptiste où, selon son vœu, son cœur et enseveli. Pressé vers la fin de sa vie d’écrire ses souvenirs, il confie en toute simplicité à ses Mémoires les épisodes les plus étonnants et scabreux de sa carrière.”
OT, La Rochefoucauld

La maison natale de Jean Hérauld de Gourville se situe à La Rochefoucauld, rue des Halles, face aux Carmes, dans l’actuel Patio de La Roche


Mémoires de Jean Hérauld de Gourville : un projet éditorial du Patio de La Roche

Notre arrivée en Charente et la création du Patio de La Roche nous ont fait découvrir l’histoire étonnante de La Rochefoucauld-en-Angoumois et un de ses personnages les plus extraordinaires : Jean Hérauld de Gourville. Nous souhaitons faire connaître la vie de cet homme aux origines modestes qui réussit une ascension fulgurante pour devenir un acteur décisif dans les grands évènement qui secouèrent la France et l’Europe sous le règne de Louis XIV. Nous nous proposons de faire connaître tous les ouvrages qui lui sont consacrés et nous avons également décidé de rééditer ses Mémoires, dictés à la dernière année de sa vie.
Jean Hérault de Gourville, est né en 1625 à La Rochefoucauld dans une famille de la petite bourgeoisie locale. D’abord valet de chambre de l’abbé Louis de La Rochefoucauld, il devient très vite maître d’hôtel puis secrétaire de François VI de La Rochefoucauld, alors prince de Marcillac, agent actif de la Fronde et auteur des Maximes, chef d’œuvre de la littérature du Grand Siècle. Il complota pour faire évader les princes lors de leur arrestation et il dirigea un enlèvement raté de Retz. Il négocia avec Mazarin les conditions du retour de La Rochefoucauld en Angoumois, et le traité de Bordeaux qui marqua la fin de la Fronde. Il organisa le rapt d’un directeur des postes et obtint une rançon de 40 000 livres. Il fut nommé intendant de l’armée de Catalogne puis il obtint la recette générale des tailles de Guyenne, source de sa fortune considérable. En 1660, devenu conseiller secrétaire du roi, il acheta le château et la seigneurie de Gourville et il prit le nom de cette terre.
Accusé de malversations financières, il fut jugé par contumace, condamné à mort et pendu en effigie à Paris. Il se réfugia alors aux Pays-Bas et voyagea beaucoup en Europe. En exil, sa renommée et ses relations lui permirent de rendre de nombreux services à la couronne, et il fut même chargé de missions diplomatiques auprès des princes de Brunswick.
Selon certains historiens, la liberté qui a été laissée à Gourville après sa condamnation pourrait s’expliquer comme un moyen d’éviter d’avoir à le faire témoigner au procès Fouquet.
En 1669, il fut nommé surintendant des maisons et affaires du prince de Condé. Il connut ensuite une brillante carrière de financier, diplomate et conseiller très considéré, ami et confident de Condé, de La Rochefoucauld, de Mme de Sévigné, de Boileau, et de nombreuses autres personnalités.
En 1685, il fonda la Charité Saint-Jean-Baptiste, ancêtre de l’actuel Hôpital de La Rochefoucauld.
Devenu impotent, il entreprit la rédaction de ses mémoires en 1702 et mourut l’année suivante à Paris où il est enterré dans l’église Saint-Sulpice. Ses mémoires furent publiés une première fois en 1724 à Paris sous le titre : Mémoires de M. de Gourville, concernant les affaires auxquelles il a été employé par la Cour, depuis 1642 jusqu’en 1698, par Estienne Ganeau.
Gourville a inspiré de nombreux auteurs : Daniel Cosnac, Sainte-Beuve, Madame de Sévigné, Alexandre Dumas, Voltaire… Plusieurs biographies lui ont été consacrées, la dernière, intitulée Gourville Le magnifique, publiée en 2009 est l’œuvre d’Alain Mazère.
Les Mémoires de Gourville ont été réédités en 2004 avec des annotations de Arlette Lebigre mais, malheureusement cet ouvrage est épuisé. Aujourd’hui nous avons choisi de rééditer ces Mémoires dans leur version de 1894 publiée par Léon Lecestre pour la Société de l’Histoire de France. En guise de préface, nous avons adopté la présentation de Sainte-Beuve, publiée dans les Causeries du lundi (tome 5) en 1852.

Mémoires de Jean Hérauld de Gourville
432 p. , 14,8 x 21 cm, broché
© 2021 Le Patio de la Roche
ISBN : 978-2-913277-09-8